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Quand le syndrome de l’imposteur mène au burn-out 

Quand le syndrome de l’imposteur mène au burn-out 

Pourquoi y a t’il un lien entre le syndrome de l’imposteur et le burn-out ? Cela m’a sauté aux yeux il y a un bon moment maintenant. Et j’ai pu découvert récemment les travaux de Clare JOSA auteure, conférencière et coach spécialisée dans les domaines du leadership, du syndrome de l’imposteur et du développement personnel.

Une récente étude menée en 2022 pendant un an auprès de 2 000 travailleurs au Royaume-Uni et aux États-Unis a révélé que 62 % des personnes se débattaient quotidiennement avec des sentiments liés au syndrome de l’imposteur et que 18 % se décrivaient comme étant « à genoux » à cause du stress.

Si le burn-out et le syndrome de l’imposteur sont souvent évoqués séparément, ils sont étroitement liés et se renforcent mutuellement, entraînant un cercle vicieux de stress et d’épuisement.

Dans cet article, je vais plonger dans la nature interconnectée du burn-out et du syndrome de l’imposteur. Je vais expliquer comment la pression incessante de « faire ses preuves » ou « prouver sa valeur » peut non seulement réduire notre niveau de notre confiance en soi mais aussi mener à une fatigue profonde – physique, mentale et émotionnelle. En comprenant mieux comment ces deux phénomènes se nourrissent l’un de l’autre, tu pourras mieux les identifier et adopter des stratégies efficaces pour les gérer et les surmonter.

En effet, le syndrome de l’imposteur vient souvent frapper à notre porte lorsque nous sommes en période de transition professionnelle que ce soit vers l’entrepreneuriat ou dans la prise d’un nouveau poste.

I) Burn-out et syndrome de l’imposteur : Définition

A. Burnout : Définition et symptômes

Le burn-out qui signifie littéralement « brûler de l’intérieur » est un état d’épuisement physique, émotionnel et mental causé par un engagement professionnel prolongé dans des situations de travail exigeantes. Et cela, sans temps de repos adéquat.

Il se manifeste souvent par trois dimensions principales : 

  1. L’épuisement émotionnel : tu te sens vidé·e d’énergie et épuisé·e, souvent incapables de faire face aux exigences quotidiennes du travail. Cela se manifeste par une fatigue intense, un sentiment de débordement et une incapacité à se régénérer même après le repos.
  1. La dépersonnalisation (ou le cynisme) : Tu ressens un sentiment croissant de détachement et de négativité envers ton travail, tes collègues, ou tes clients. Tu adoptes alors une attitude froide ou excessivement critique.
  1. Et une réduction de l’accomplissement personnel au travail : Il y a une diminution de ta productivité, une incapacité à te concentrer, et tu fais des erreurs plus fréquentes. Cela peut se manifester par des difficultés à terminer des tâches habituelles, un sentiment d’inefficacité et de stagnation, ainsi que par une perte d’initiative.

Les principaux symptômes du burn-out peuvent varier d’une personne à une autre. Toutefois, ils englobent généralement des manifestations physiques, émotionnelles et comportementales.

Ainsi sur le plan physique, on peut observer une fatigue extrême, des troubles du sommeil, des douleurs, des changements d’habitudes alimentaires, des symptômes gastro-intestinaux.

Sur le plan émotionnel, on va davantage observer un sentiment de doute et de dévalorisation de soi. On va ressentir une perte de motivation, de l’anxiété.

Et sur le plan comportemental, cela va se traduire par de la réticence à aller travailler. On va s’isoler et donc restreindre les liens sociaux. On sera davantage dans la procrastination et notre performance au travail sera diminuée.

Pour aller plus loin sur le sujet du burn-out, je t’invite à consulter ces autres articles du blog :

https://vanessaremignon.com/comment-reprendre-confiance-en-soi-apres-un-burn-out/

https://vanessaremignon.com/burn-out-le-comprendre-pour-se-reconstruire-et-rebondir/

B. Syndrome de l’imposteur : définition et caractéristiques

Avant de m’attarder sur la définition et les caractéristiques du syndrome, j’aime rappeler que le terme « syndrome de l’imposteur » est un abus de langage en psychologie. En effet, le fait de sentir comme étant une « fraude » n’a rien de pathologique. Il s’agit plutôt d’un sentiment, d’une expérience qui nous pousse à croire que nous sommes « une fraude » et que nos réussites, nos succès, nos promotions ne sont que le fruit du hasard ou de la chance.

J’en parle plus en détail dans cet article : entrepreneuriat : la clé ultime pour déjouer le syndrome de l’imposteur.

Mais pour la suite de l’article, je vais continuer à utiliser l’expression « syndrome de l’imposteur » qui est usuelle et mieux comprise par tout le monde.

Donc comme je elle précisais à l’instant, le syndrome de l’imposteur est caractérisé par une peur persistante d’être démasqué comme une « fraude », accompagnée d’une tendance à attribuer ses succès à la chance plutôt qu’à ses propres compétences ou efforts. 

Il se manifeste différemment selon les personnes. Mais globalement, il laisse une personne avec la conviction inébranlable qu’elle est une imposture intellectuelle, malgré toutes les preuves du contraire.

Ce syndrome peut toucher n’importe qui, mais il est particulièrement répandu parmi les personnes performantes qui se fixent des standards élevés. Les signes incluent le doute de soi, le surinvestissement professionnel, la réticence à accepter des compliments, et une anxiété significative concernant la performance.

On peut avoir le sentiment de devoir se surmener ou surpasser pour éviter d’être démasqué.

Ce genre d’attitude peut avoir de graves conséquences sur le bon déroulement d’une carrière car on peut éviter de relever des défis pour ne pas échouer publiquement. Ce qui serait alors la confirmation que l’on est bien une fraude.

Voici quelques phrases qui peuvent t’aider à savoir si tu crains d’être démasqué·e comme étant une fraude :

« Les gens ont l’air de penser que je m’en sors bien, mais je ne pense vraiment pas que ce soit le cas »

« Je pense toujours que je peux mieux faire et que les gens doivent douter de moi »

« Je doute de la valeur que j’apporte à mon travail car je sais que d’autres personnes font le travail tellement mieux »

II. Quand le syndrome de l’imposteur mène au burn-out

A. Lien entre syndrome de l’imposteur et burn-out

Bien que distincts, le burn-out et le syndrome de l’imposteur interagissent. En effet, lorsqu’on a le sentiment d’être une imposture, cela génère un stress chronique qui peut mener à l’épuisement professionnel, surtout lorsqu’on s’engage dans des cycles de travail très intenses pour compenser le doute de soi ou de ses capacités, aptitudes.

Et inversement. 

Comme vu précédemment, le burn-out a pour conséquence une diminution de la performance, de la concentration, de la motivation renforçant ainsi le sentiment la croyance d’être une imposture.

Finalement le point commun entre ces deux défis insidieux est le stress chronique qui entraine un épuisement physique et émotionnel.

Et ce stress peut être si épuisant qu’il exerce une pression intense sur la santé mentale.

B. Quand le syndrome de l’imposteur amplifie le stress

Lorsqu’on souffre du syndrome de l’imposteur, on est souvent pris dans un cycle d’auto-surveillance et de perfectionnisme. Cela peut nous mener à une augmentation du stress. Cette pression que l’on s’impose à soi-même pour exceller, de peur d’être « démasqué·e », crée justement un terrain propice à l’émergence du burn-out. 

Les personnes touchées par ce syndrome tendent à travailler plus dur et plus longtemps que nécessaire, souvent au détriment de leur bien-être et de leur santé mentale.

Elles ont une profonde conscience professionnelle. Elles s’engagent profondément dans leur travail, ce qui peut les conduire à négliger leur propre bien-être. Elles sont perfectionnistes avec des standards extrêmement élevés pour elles-mêmes et pour les autres. Et l’échec éventuel à atteindre ces standards peut générer une quantité significative de stress et de frustration.

Dans son livre « Ditching Imposter Syndrome » Clare Josa attribue le lien entre le syndrome de l’imposteur et l’épuisement professionnel au déclenchement du « mécanisme de lutte, de fuite ou de gel du corps ».

Pour faire simple, le mécanisme de lutte, de fuite ou de gel est une réaction physiologique naturelle que notre corps utilise pour répondre à des situations perçues comme menaçantes ou dangereuses pour lui. C’est une réponse au stress aigu de notre organisme. Elle est conçue pour aider l’individu à survivre face à des menaces potentielles.

Trois façons de réagir :

1) La lutte : On choisit de faire face à la menace. Cela implique une montée d’adrénaline qui augmente la force physique et la capacité à combattre (ex: je m’engage encore plus dans mon job pour passer dépasser le défis immédiat)

2) La fuite : On gère la menace en s’éloignant (ex: procrastination ou retards répétés au travail).

3) Le gel : La réaction de gel survient lorsque la lutte ou la fuite ne semble pas possible ou appropriée. Dans ce cas, on peut se retrouver paralysé sur place. On reste figé sans pouvoir bouger, ou on vit une sorte de dissociation où on se sent détaché de la situation et incapable de réagir (ex: lors d’une réunion où on doit prendre la parole, on se retrouve dans l’incapacité de s’exprimer).

Finalement, c’est l’hyper-vigilance que l’on adopte vis à vis d’éventuelles menaces (= les preuves de notre imposture) qui nous pousse vers l’épuisement professionnel.

C. Apprendre à reconnaître les signaux faibles pour préserver son bien-être

Pour préserver ton bien-être et ta santé mentale, il est crucial d’identifier les signes précurseurs du syndrome de l’imposteur et du burn-out. 

Comprendre comment ces deux défis se renforcent mutuellement permet de mettre en place des stratégies efficaces pour les gérer. 

Par exemple, tu peux déjà identifier qu’une meilleure gestion du temps te permettrait de travailler moins et/ou plus efficacement.

Implémenter dans son quotidien des des périodes de repos ou de ressourcement est clé.

Apprendre à poser des limites saines à soi et aux autres peut t’aider à réduire le risque de burn-out, tout en diminuant la pression qui alimente ton syndrome de l’imposteur.

III. Comment surmonter l'épuisement professionnel et le syndrome de l’imposteur ?

A. Développer la Conscience de Soi

Un des premiers pas vers la gestion du burn-out et du syndrome de l’imposteur est de développer une meilleure conscience de soi.

Tenir un journal peut être une technique efficace pour identifier les déclencheurs externes qui exacerbent ces sentiments. Cette pratique permet également de surveiller ses propres pensées, émotions et comportements. En couchant sur le papier chaque jour, tes ressentis, tes comportements et tes pensées t’aideront à reconnaître tes schémas irrationnels de pensée et à les remettre en question de manière constructive.

B. Techniques de Gestion du Stress et de Relaxation

Intégrer des pratiques de relaxation et de réduction du stress dans ta routine quotidienne t’aideront à diminuer ton stress et prévenir le burn-out. Rien de nouveau sous le soleil quant aux techniques :  la méditation, le yoga, ou des exercices de respiration profonde amélioreront ta capacité à gérer l’anxiété et à rester centré·e. La régularité de ces pratiques est vraiment clé pour obtenir des résultats durables. Il n’y a pas de recette miracle ! Cela doit devenir une véritable hygiène de vie.

C. Fixer des Objectifs Réalistes et Déléguer

Apprendre à fixer des objectifs réalistes et à déléguer peut être très bénéfique notamment pour celles et ceux qui luttent contre le syndrome de l’imposteur. Un objectif se doit d’être réalisable et atteignable compte tenu de tes ressources actuelles, tes contraintes de temps, et des circonstances.

Déléguer des tâches permet également de combattre l’idée que l’on doit tout faire soi-même pour prouver sa valeur, ce qui peut grandement diminuer les risques de burn-out.

Et c’est ce que j’ai vraiment appris à mes dépens lorsque j’occupais les fonctions de Responsable des Ressources Humaines.

D. Abandonner le perfectionnisme

Reconnaître que la perfection n’est pas possible ni nécessaire aide à réduire la pression interne. On peut s’amuser à remettre en question cette notion de la perfection : « qu’est-ce qui est selon tes propres critères parfait ? », « ce qui est potentiellement parfait pour toi l’est-il aussi pour les autres ? » car finalement, nous mettons tous notre propre définition de la perfection. Et la perfection ne sera pas la même d’une personne à l’autre. On peut se dire qu’il est vain de chercher la perfection ! Par ailleurs, viser la perfection est très souvent une perte de temps qui nous amène à nous perdre dans les détails et le superficiel. Ce qui peut renforcer notre sentiment d’être une imposture.

E. Rechercher du Soutien

Le soutien de pairs ou de mentors qui ont traversé des expériences similaires peut offrir une perspective externe précieuse et des stratégies concrètes pour gérer ces sentiments.

Et un travail en profondeur sur le développement de la confiance en soi, la gestion des émotions et du stress ainsi que l’estime de soi sont essentiels pour se sentir pleinement à sa place, dans son leadership et aligné·e.

E. Célébrer les succès et cultiver la gratitude

Prendre le temps de célébrer tes succès, petits ou grands, aide à renforcer la confiance en soi et à contrer tes pensées d’imposture. La pratique de la gratitude peut également changer ta perspective et diminuer les doutes que tu as sur tes aptitudes, en mettant en lumière tes compétences et les réussites réelles.

E. Recadrer ses pensées

Le syndrome de l’imposteur est alimenté par un discours intérieur négatif. On doute de soi, de ses compétences, de ses aptitudes, de sa place, de ses choix… Tout est affaire des histoires que l’on se raconte. Et la bonne nouvelle, c’est qu’en recadrant nos pensées, on change de perspectives. Il te suffit pour cela d’interroger objectivement tes pensées négatives : « Ces pensées sont-elles basées sur des faits ? » ou « Y a-t-il une autre façon de voir cette situation ? »

Recherche les preuves factuelles concrètes qui contredisent tes pensées négatives. Puis ouvre toi à une perspective plus large en te demandant par exemple « Que dirais-je à un ami qui a les mêmes pensées ? »

Puis choisis des pensées plus rationnelles et positives pour changer ton interprétation.

Conclusion

Comme tu as pu le constater, le syndrome de l’imposteur est une des causes qui mènent au burn-out. Et le burn-out vient exacerber le sentiment d’imposture. Ils sont interconnectés.

Comprendre ces phénomènes est crucial non seulement pour ta santé et ton bien-être personnels, mais aussi pour maintenir ton efficacité et ta satisfaction au travail.

Le travail doit être une source de réalisation de soi et non un lieu de souffrance.

Les cartes sont désormais entre tes mains. Toi seul·e peut désormais prendre la pleine responsabilité de ton épanouissement et accomplissement au travail. Bien évidemment, l’organisation a aussi un rôle. Toutefois, je t’encourage dès maintenant à être davantage à l’écoute des signaux faibles de ton corps pour mettre en place des stratégies qui vont préserver ton bien-être et ta santé mentale

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