D’éducatrice de jeunes enfants à Coach pour les femmes en instance de séparation, le témoignage d’Isabelle
Je suis allée à la rencontre d’Isabelle afin qu’elle nous partage une partie de son histoire et comment elle est venue à accompagner, aujourd’hui, les femmes en instance de séparation.
Qui es-tu Isabelle ?
Je suis isabelle, j’ai 43 ans et j’ai 2 enfants. Avec mon ex-conjoint, nous sommes en garde alternée. Je vis à Nantes depuis janvier 2015 après un retour d’expatriation de trois ans à Singapour.
Je suis originaire de la région parisienne donc ça a été pour moi comme nouvelle expatriation : découverte d’une ville, d’une nouvelle vie. Mon ex-conjoint travaillait en région parisienne et je n’avais pas de travail. J’avais donc tout à refaire.
Puis, en mai 2016, nous nous sommes séparés. Et j’ai quitté la maison que nous avions en mars 2018.
Aujourd'hui tu es devenue coach. Peux-tu nous partager ton parcours ? Comment en es-tu arrivée à être coach alors qu’avant ton expatriation, tu étais éducatrice de jeunes enfants ?
J’ai eu une première prise de conscience lorsque je suis rentrée en France. Je ne souhaitais plus vraiment être éducatrice de jeunes enfants. A Singapour, j’avais proposé des ateliers parents enfants mais le plaisir n’était plus vraiment présent.
J’ai donc fait un bilan de compétences. Ce qui ressortait c’est que j’aime toujours m’occuper des autres.
En parallèle, j’ai créé, en 2016, un groupe Facebook qui s’appelle « expat nana séparés divorcés ». Et j’avais déjà un groupe, créé celui-ci en 2014, « expats back to the France ». Je ressentais le besoin de partager parce que, à l’époque, pendant ma séparation, j’ai vécu une cohabitation.
Et cette séparation faisait suite à notre expatriation. En local et même sur internet, je n’ai pas trouvé ce que je recherchais. J’avais notamment la problématique du choc culture inversé.
Je me suis rapidement aperçue que la séparation pendant l’expatriation et au retour était un vrai problème et qu’il n’était abordé quasiment nulle part. Il y a un gros « no man’s land » au niveau des aides.
Donc il y a encore pas mal de choses à faire concernant cette problématique. Et puis, je voulais donner des informations à ces femmes, leur donner des outils, partager tout le processus par lequel je suis moi-même passée. Et puis aussi ne
pas me contenter que des femmes expatriées
Donc c’est vraiment venu progressivement.
Entre temps, j’ai également travaillé en tant que salariée.
Les choses se sont construites petit à petit.
Et où en es-tu aujourd’hui ?
Aujourd’hui, j’ai lancé mon activité. J’ai une page professionnelle facebook Je suis également sur Instagram. En parallèle, étant toujours modératrice de mes groupes, des gens viennent à moi pour m’interviewer car mon groupe de « femmes expat séparées divorcées » est un véritable OVNI dans le monde de l’expatriation parce que j’explique des choses qui ne sont pas dites ailleurs.
Mon objectif est de faire de la prévention et informer les femmes sur ce qu’impliquent véritablement une expatriation, qu’elles puissent partir en toute connaissance de cause. Et je ne parle pas forcément de la séparation.
Je souhaite organiser des ateliers également pour ces femmes qui rentrent en France pour les aider à retrouver des repères : par où commencer avec le marché du travail, les inscriptions pour les enfants aux écoles ou trouver éventuellement un moyen de garde pour les plus jeunes…
Ces groupes que j’ai créé permettent aux femmes d’échanger, de se soutenir, de trouver une oreille attentive et bienveillante auprès de personnes qui connaissent la problématique, ce qui n’est pas forcément le cas, de la famille ou des amis.
Comment as-tu fait justement pour passer de ta situation personnelle compliquée en tant que femme expatriée séparée à un projet entrepreneurial ?
En fait je me suis aperçue dans mon groupe qu’il y avait une multitude de problématiques non abordées. Il n’y avait aucune action de la part des politiques. Il n’existe pas d’association. Le sujet, en fait, est inconnu.
Et pourtant, il existe des sujets forts à savoir les violences conjugales pendant l’expatriation. J’ai la connaissance de plusieurs situations de violences conjugales.
Le grenelle des violences conjugales a eu lieu à l’autonome dernier. Et j’ai sut que je devais agir. Cela m’a fait vibrer. Je ne pouvais pas passer à côté. La député Amélia LAKRAFI st entrée en contact avec moi afin de lui transmettre des témoignages. J’ai beaucoup échangé aussi avec des psychologues, des coachs et tous mes disaient que mon projet professionnel était super. Finalement, les autres me renvoyaient quelque chose que je ne voyais pas forcément. Et que tu m’as renvoyé toi-même.
Je me suis alors demandée : « pourquoi tu te lèves le matin ? ». La réponse était évidente. Les gens me disaient que j’avais trouvé ma mission de vie. Et effectivement, ce qui me fait vibrer, c’était ça ! J’ai du faire tomber le masque du syndrome de l’imposteur. J’ai du accepter cette évidence.
Avant même de lancer mon entreprise, j’étais toujours dans l’action pour ce sujet là, pour cette problématique précise des femmes expatriées en séparation.
Ce qui est vraiment intéressant dans ton parcours, c’est qu’en partant de ta propre histoire personnelle, tu as réussi à identifier un besoin au sein d’une communauté. Et cette peur que tu as pu ressentir lorsque la VÉRITÉ t’es apparue, c’est parce que tu avais mis le doigt sur ta zone de génie.
Ah oui effectivement, ça ! Et les croyances !
Le fait de passer entrepreneure et notamment le moment où j’ai enregistré ma micro-entreprise, me faisait dire que je mettais « la petite » éducatrice de jeunes enfants à la porte. Or, c’est tout le contraire ! Cette casquette, aujourd’hui, m’aide dans l’accompagnement des femmes. Car « une maman qui est bien a des enfants qui vont bien. »
Nous, les femmes, nous sommes très douées pour nous en rajouter dans notre sac à dos.
Mais voilà, ce sont des switch à faire.
Lorsque je t’ai rencontré et puis lorsque j’ai échangé avec d’autres entrepreneurs, j’ai vite pris conscience que la valeur « liberté » était importante pour moi.
A un moment donné, il fallait que je donne à mon corps l’élan pour m’aider à me lancer. Et puis, comment savoir ce qui va se passer si je ne me lance pas ?
Quel est le message que tu as envie de partager aujourd’hui ?
C’est d’oser.
Et oser ne veut pas dire faire les choses du jour au lendemain, quitter son JOB et se lancer dans une aventure sans filet de sécurité. Mais si on ne fait pas, on ne pas savoir si c’était le bon chemin ou pas. Il faut être déterminée pour aller jusqu’au bout. Et puis, rien n’est définitif.
C’est important de s’écouter, de bien se connaître pour se défaire du regard des autres.
Et puis, on n’a qu’une vie. C’est donc aussi oser se dire « c’est maintenant ou jamais »
Et quel est le message que tu portes en lien avec ta mission de vie ?
En fait, j’ai envie de dire aux femmes qui sont actuellement en train de se séparer : « et si cette séparation était ton plus beau cadeau ? ».
Toute la vie en fait est séparation. La naissance est une séparation. Bien évidemment, il ya des séparations qui sont plus difficiles. Mais une séparation c’est
juste une période de sa vie. Effectivement, quand on est dedans, la montagne paraît infranchissable parce qu’il y a tout un tas de paperasse administratif à gérer, la gestion des émotions, l’image que l’on donne sur le monde extérieur… C’est perdre conscience que ça va passer. Pour avoir été au fond de la piscine et en être sortie, je suis bien placée pour dire que le meilleur endroit pour remonter, et bien, c’est le fond ! Et que la lumière existe. Ce qui est important, c’est de se reconnecter à ses rêves, ses désirs et step by step, on avance. On reste focus sur son objectif, celui de retrouver sa flamme… Et ça, ça vaut que l’on soit en couple ou séparée !
Ne pas laisser mourir sa petite flamme.
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